Le Dr Mourad Boudiaf : praticien hospitalier, enfin reconnu comme tel

Le Dr Mourad Boudiaf est praticien hospitalier dans le service de radiologie viscérale et vasculaire du Pr Roland Rymer à l'hôpital Lariboisière - AP-HP à Paris. Il est l'un des plus jeunes PH parmi les titulaires d'un diplôme étranger.

Cliquez pour voir l'image dans sa taille originale

De la « tomodensitométrie des rates accessoires » à l'« imagerie des appendices épiploïques », la liste des publications occupe des pages et des pages sur leCurriculum vitae du Dr Mourad Boudiaf. Les éloges abondent également sur ce praticien hospitalier (PH) qui exerce au sein du service de radiologie viscérale et vasculaire du Pr Roland Rymer à l'hôpital Lariboisière - AP-HP à Paris.

Mourad Boudiaf est né à Alger où il a obtenu ses deux bacs C : l'un, algérien, et l'autre, passé en candidat libre au lycée français d'Alger. Durant son externat de médecine, il a tôt fait de s'intéresser à la radiologie. « C'est l'aspect médico-technique de cette discipline en pleine expansion, avec l'avènement des imageries nouvelles, telles que le scanner, qui m'attirait », se souvient-il. Et c'est cette passion pour la radiologie qui l'a poussé à traverser la Méditerranée. « L'internat de radiologie dure quatre ans en France, contre trois en Algérie, où cela me semblait court. En outre, cette spécialité est très dépendante du plateau technique, qui est de grande qualité en France. »
Mourad Boudiaf obtient en 1993 son DIS (diplôme interuniversitaire de spécialité) en radiodiagnostic auprès du Pr Rymer, à l'époque chef du service de radiologie à l'hôpital Nord de Nantes. Lorsque le Pr Rymer est promu à Lariboisière, le Dr Boudiaf le suit et devient attaché associé pendant sept ans. Après avoir passé le concours de PAC (praticien adjoint contractuel) en 1996, il attend deux ans pour occuper le poste.
En juillet 2002, il est nommé PH à Lariboisière. Donc, à l'assistance publique, réputée très prisée.

« Celui qui veut, peut »

« J'ai fourni un effort, et il a été reconnu », admet-il simplement. « Je suis venu en France avec des motivations d'ordre professionnel, et j'ai eu la chance d'évoluer dans la discipline que j'avais choisie avec l'encouragement de mon chef. »
Tout semble simple, clair, cohérent, dans le cursus de Mourad Boudiaf. « Je savais pourquoi je venais en France. J'avais un objectif bien précis, pas au niveau de ma carrière mais au niveau de la discipline. Je venais parfaire mon apprentissage. » D'ailleurs, comme le précise son confrère le Dr Mourad Kardache, il n'a jamais eu à se battre pour son statut.
La motivation. Ce mot revient comme un leitmotiv dans toutes les justifications que semble vouloir donner le Dr Boudiaf pour expliquer son remarquable parcours. « On ne parcourt pas le chemin tout seul. Notre chef de service nous donne les moyens d'œuvrer. Si je suis là où je suis aujourd'hui, c'est aussi grâce au climat favorable dans lequel j'évolue. »
De la motivation, il ne manque pas, c'est un fait, mais du talent non plus.
« Il est référent au moins au niveau national en matière d'imagerie du tube digestif », insiste le Dr Kardache. « Si je n'avais pas l'estime que j'ai pour lui, il ne serait pas PH », assure le Pr Rymer. « Au fil des années, il a pris une place capitale au sein de l'équipe. Et puis il détient une épreuve scientifique de grande valeur. Sa titularisation a été souhaitée par l'ensemble du corps médical de l'hôpital. » Finalement, le Dr Boudiaf n'a que ce qu'il mérite.

L'intégration par l'implication

Lorsqu'on lui pose la question de « l'intégration », il y répond par une autre question, à savoir si oui ou non quelqu'un s'implique dans son hôpital. « Quelqu'un de motivé l'est partout. »
Il admet volontiers n'avoir pas coupé le cordon ombilical avec son pays, où il retourne quelques fois par an ; mais, pour lui, son installation en France représente « plus un dépaysement qu'un déracinement ». « Je savais parler le français avant d'arriver ici. On s'acclimate vite. .
« Nous ne sommes pas plus exigeants avec les titulaires de diplôme étranger, mais nous ne le sommes pas moins non plus, et je crois qu'elle est là, l'intégration », résume le Pr Rymer.
« Je ne vais pas m'arrêter là. » Le Dr Boudiaf, qui n'en est plus à un diplôme près, suit actuellement une maîtrise d'anatomie. La preuve, pour son chef de service, de « sa soif de progresser ».
Le bienveillant diagnostic de son confrère Kardache est sans recours : « Le Dr Mourad Boudiaf est un boulimique. »

Audrey BUSSIERE