du 08/03/2002
Médecins à diplôme étranger : les
PAC à la croisée des chemins
Le Syndicat national des praticiens adjoints contractuels (SNPAC),
qui est devenu, avec près de 4 000 adhérents, l'une des plus grosses
organisations de médecins de l'hôpital public, change aujourd'hui de président.
Son nouveau pilote aura à gérer une situation insolite : la disparition
programmée de ceux qu'il représente.
Réuni aujourd'hui à Paris en
assemblée générale, le Syndicat national des praticiens adjoints contractuels
- SNPAC (1) - doit se choisir un nouveau président.
Au bout de trois mandats, le Dr Hani-Jean Tawil passe la
main. Il laisse à son successeur une maison prospère (autour de 3 800 adhérents,
ce qui fait du SNPAC l'un des plus gros syndicats catégoriels de médecins
hospitaliers et sans doute le plus représentatif puisque les PAC sont 5 100)
et de nombreux dossiers bouclés. En quelques années, les médecins à diplôme
étranger devenus praticiens adjoints contractuels (PAC) en passant des épreuves
nationales d'aptitude à cette fonction ont réussi à faire parler d'eux dans
deux textes de loi, ils ont obtenu un toilettage de leur statut et la possibilité
de devenir praticiens hospitaliers (PH).
Les PAC ne sont pas arrivés au terme de leur combat. « Nous
ne sommes toujours par reconnus comme des médecins à part entière, estime
le Dr Tawil, nous ne bénéficions pas par exemple de la prime de
service public exclusif ni de la prime d'engagement qui va être allouée aux
assistants. Nous ne siégeons pas dans les commissions médicales d'établissement (CME)
de nos hôpitaux. Et nos salaires continuent de ne représenter que 57 %
de ceux des PH. »
Faire évoluer les esprits
La clarification des modalités de transformation des postes de
PAC en postes de PH quand leurs titulaires réussissent le concours est aussi
une revendication non satisfaite du SNPAC. Hani-Jean Tawil insiste par ailleurs
sur la nécessité de faire évoluer les esprits. Il explique que « les
PAC sont intégrés aux listes de garde seniors des PH », que « quand
ils deviennent PH, ils sont nombreux - plus de 34 %, NDLR -
à occuper des postes laissés vacants » par leurs confrères à diplôme
français, et s'indigne : « Un PAC, ce ne doit pas être seulement
un praticien compétent la nuit ou les week-ends de juillet et d'août !»
Il reste donc des batailles ciblées à livrer. Et le nouveau
président du syndicat aura aussi à composer avec une situation singulière :
l'inéluctable disparition des PAC. Ce statut est en effet destiné à s'éteindre
rapidement. D'abord parce que, dès l'an prochain, la France ne formera plus de
PAC - un nouveau système d'intégration des médecins diplômés hors
d'Europe doit se mettre en place, basé sur les besoins des hôpitaux par spécialités.
Ensuite, parce que sur les 4 500 PAC existants, beaucoup vont au fil
des ans devenir PH - 1 700 le sont déjà - ou même s'installer
en ville - entre 300 et 350 d'entre eux ont déjà sauté le pas, en
ouvrant des cabinets de médecine générale.
Le problème du statut à partir de 2003
Rétréci ou polymorphe, le corps des PAC va obliger le Syndicat qui le
défend à s'adapter. Conscient de la nécessité de cette mue, le Dr Tawil
prépare le terrain : « Nous avons une grosse expérience de l'intégration
des médecins à diplôme étranger dans e système français. Nous savons ce
qu'il faut faire pour que ça marche, nous connaissons les recettes pour éviter
les statuts précaires. »
Nul doute que le SNPAC va surveiller de près la création du statut que réservera
l'Etat aux médecins à diplôme étranger à partir de 2003 (après avoir passé
un concours, ceux-ci passeront trois ans en poste comme assistants spécialistes
dans les hôpitaux avant d'obtenir la qualification dans la spécialité et de
pouvoir devenir PH ou s'installer en ville) et se pencher aussi sur le sort des
quelque 1 000 médecins diplômés hors d'Europe que le système
encore en vigueur mettra théoriquement à la porte des hôpitaux français dans
dix mois.
Karine PIGANEAU
(1) Le SNPAC est adhérent de l'Intersyndicat national des praticiens hospitaliers (INPH).